Le bouddhisme : philosophie, pratique, spiritualité ou religion ?
Le bouddhisme est-il une philosophie, une pratique, une spiritualité ou une religion ?
Mondō avec Maître Pascal-Olivier Kyōsei Reynaud lors d’une retraite de méditation zen.
Question : Le bouddhisme est-il une philosophie, une pratique, une spiritualité ou une religion ?
Réponse : Je pourrai répondre, en fait tout cela à la fois.
Le Bouddhisme est une religion dans la mesure où il nous propose de réaliser la dimension fondamentale et universelle de l’existence.
Il nous relie à ce qui finalement ne peut être nommé ni prouvé, ce qui est plus grand que soi, ce que chacun possède, mais qui n’appartient à personne, cette existence comme part du joyau précieux du vivant.
Cependant si ta conception d’une religion implique un dieu créateur, fondateur de l’univers et des existences, alors le bouddhisme n’est pas une religion.
La proposition du bouddhisme c’est que le cosmos, l’univers est dépourvu de substance propre, c’est d’ailleurs un des quatre sceaux du bouddhisme :
- la réalité de l’impermanence
- le non-soi, c’est à dire que tous les phénomènes sont sans existence propre : ils n’existent pas par eux-mêmes.
- la réalité de la souffrance, qui peut aussi être traduit par insatisfaction ou mal-être.
- le Nirvana est paix véritable. C’est la possibilité qu’ont les êtres à se libérer et à s’éveiller, c’est l’extinction de la souffrance et de l’ignorance par le détachement et la cessation de l’attachement à l’illusion du moi.
Le Bouddhisme qui privilégie le chemin individuel, permet à chaque personne s’engageant sérieusement dans cette voie de réaliser que la puissance cosmique fondamentale est de toute éternité, sans commencement ni fin et que nous faisons partie de cette totalité.
Le bouddhisme permet de réaliser ce que nous sommes déjà
Pendant la méditation zen, par la clarification de l’attachement à la croyance en un ego personnel, par la justesse harmonieuse de la posture, de la respiration et de l’état d’esprit, nous réalisons l’unité de notre vie et du cosmos. Notre individualité et le cosmos s’interpénètrent dans la plénitude exacte de l’instant présent. Il ne manque rien et rien n’est en trop. C’est la juste mesure de notre existence qui s’actualise du fait même d’exister. C’est donc totalement soi-même et au-delà de soi-même.
Pour illustrer cela en utilisant des termes religieux, on pensera à union divine ou communion mystique.
La voie est sous nos pieds
Cependant le Bouddhisme zen est très pratique, c’est une voie spirituelle qui se réalise exactement dans la vie quotidienne, il n’y a plus de séparation entre le matériel et le spirituel.
La méditation zen nous permet de vivre notre vie quotidienne à partir de cette réalisation, de cet éveil et de cette libération dans le partage altruiste et la participation active.
Nous passons d’une manière égoïste d’être au monde, source de souffrances, de luttes et de peurs pour soi et notre environnement à une manière altruiste et harmonieuse en développant le discernement, la sagesse et la compassion. C’est ce basculement qui débouche généralement sur le désir de s’engager sur la voie du Bodhisattva et de souhaiter recevoir les 16 règles de vie harmonieuse en demandant l’ordination qui permet l’entrée officielle dans les Trois Trésors.
Cette notion de non-soi, de sans substance propre, de non-existence propre n’est pas du nihilisme. Le bouddhisme ne dit pas qu’il n’y a rien, mais que les choses existent du fait des relations d’interdépendances. C’est à dire que lorsque les conditions de l’apparition d’un phénomène, d’une existence sont réunies alors le phénomène, l’existence apparaît et lorsque ces conditions ne sont plus réunies, ce qui est apparut, disparaît, retourne à la potentialité phénoménale.
Rien n’a d’existence propre et il en est ainsi pour toute existence.
Dans le Bouddhisme, c’est ce qu’on appelle la production interdépendante, ou la coproduction conditionnée. C’est le fait que tous les phénomènes (objets, êtres, sensations, perceptions, pensées, conscience…) sont conditionnés, composés et interdépendants.
Que signifie être bouddhiste ?
Est bouddhiste celle ou celui qui fait le choix de s’engager d’une manière sincère et active sur la voie bouddhiste et plus particulièrement de prendre refuge dans les Trois Trésors :
- le Bouddha : l’être éveillé, le guide spirituel,
- le Dharma : l’ensemble des enseignements bouddhiques,
- le Sangha : l’ensemble des pratiquants, la communauté.
Prendre refuge dans le Bouddha, c’est s’inspirer de son modèle pour avancer en se reliant à cette dimension éveillée de l’existence. Il ne s’agit pas de vénérer un dieu mais de s’inspirer d’un être humain authentique dont nous partageons l’aspiration et les qualités de vigilance, de persévérance et de confiance.
Prendre refuge dans le Dharma, c’est s’ouvrir à l’enseignement Bouddhiste menant à la vérité et à l’ultime réalité. Le Dharma décrit les causes de la souffrance et le chemin qui mène à sa cessation. Il permet avec la pratique de la méditation une compréhension intime et directe de la réalité qui mène à la sagesse, à la sérénité et au bonheur.
Prendre refuge dans le Sangha signifie rejoindre une communauté vertueuse et généreuse, la communauté des amis de Bien, c’est développer une forte amitié spirituelle avec ses semblables.
Est Bouddhiste la personne qui chemine sur cette Voie dans sa quête de la vérité, dans la tolérance, la patience et la compassion. Cette démarche ne nécessite rien d’autre qu’une sensibilité et ouverture aux conditions de souffrances des existences et une aspiration à aider à les résoudre.
Il est possible de voir le Bouddhisme comme une philosophie active du bonheur, une philosophie de vie qui se réalise par tout être humain dans les conditions de son existence.