Corps-esprit en unité – 1/3 – L’instant présent
Exprimer l’unité de l’instant présent
Journée de méditation zen du 23 février 2014 à Narbonne
Enseignement de Pascal-Olivier Kyōsei Reynaud – premier zazen
Accueillir chaque chose
En zazen on évite de se laisser reprendre par l’activité mentale qui nous éloigne de la réalité de l’instant présent.
C’est comme apprivoiser un animal sauvage ou bien éduquer un enfant. Il faut faire preuve de patience, de compréhension et de bienveillance. Dès que l’esprit s’échappe, on le ramène à la réalité de l’instant présent et à chaque fois c’est l’occasion de voir cet attachement aux pensées et aux ruminations mentales qui nous en éloigne.
Derrière cet attachement aux pensées on éclaire également cet attachement à l’idée d’une personnalité qui penserai.
Notre manière de pratiquer la méditation est d’accueillir chaque chose tel qu’elle se présente.
La voie du zen se pratique avec tout ce que nous sommes, rien n’est laissé à part. Lorsque nous pratiquons la méditation assise et étudions l’unité du corps et de l’esprit, nous étudions notre manière d’être au monde par notre corps, par nos organes des sens et par notre conscience. La méditation zen permet de voir comment cette conscience s’élabore un petit peu comme si nous démontions un étrange mécanisme que l’on nous aurait remis. La pratique régulière de la méditation nous permet de le démonter pour mieux en comprendre le fonctionnement et si c’est possible, pour corriger ce qui doit l’être.
Nous observons, étudions et laissons certains réglages se réajuster et de nouvelles manières de fonctionner peuvent apparaître, il devient possible de fonctionner autrement.
Il s’agit de pouvoir passer d’un mode de fonctionnement dualiste créateur d’oppositions et de souffrances à un mode de fonctionnement en unité, créateur de paix et d’harmonie. La méditation zen permet à chacun de passer de la dualité à l’unité.
En zazen nous réalisons l’unité du corps-esprit, la non-séparation d’avec ce qui est. En zazen, nous sommes simplement un corps assis avec une respiration vivante et une conscience disponible.
Dans cette disponibilité, nous sommes à la fois actif et en même temps détachés de toute intention particulière, c’est ce qui fait écrire à Maître Yoka Daishi au 8ème siècle, cette introduction du Shodoka :
« Cher ami, ne vois-tu pas
Cet homme du satori,
Qui a cessé d’étudier et est inactif.
Il ne cherche ni à écarter les illusions, ni à trouver la vérité ».
En zazen on ne rejette rien. Tout ce que nous sommes ; tout ce qui apparaît instant après instant est immédiatement inclut dans notre pratique de l’instant présent.
Dans cet abandon de toute intention personnelle on est dégagé de toute référence, d’images ou idées vis-à-vis de la personne que nous sommes ou que nous croyons être, ou que nous aimerions être. On abandonne également toutes nos idées sur le bouddhisme ou sur notre pratique. C’est comme le conseil de Maître Daishi, on ne s’attache ni à écarter les illusions, ni au désir de vouloir trouver la vérité.
C’est au-delà de toutes nos dualités, de toute idée d’effort personnel ou de non effort.
L’inaction dont parle maître Yoka Daishi, n’est pas l’inaction de ne plus rien faire mais c’est l’inaction qui inclut toute les pratiques. Chaque action devient simplement l’action d’exprimer l’unité. Lorsque toutes les actions sont l’expression de la pratique continue, à ce moment-là il n’y a plus de notion de pratique. Il reste simplement l’expression naturelle et continue de l’unité réalisée, cela ne signifie pas que l’être éveillé ne fasse plus rien. Mais que ses actions ne sont plus conditionnées par son attachement en un égo séparé.
Dans le Shin Jin Mei Maître Sosan enseigne la même chose lorsqu’il nous rappelle que « il suffit qu’il n’y ait ni amour ni haine, ni choix ni rejet » et que dans cet état d’esprit, « pénétrer la voie n’est pas difficile ».
C’est ce que chacun réalise aujourd’hui dans le silence de sa posture…
>> suite des enseignements de la journée de méditation assise à Narbonne du 23 février 2014 – deuxième méditation assise (zazen)