La méditation de l’ouverture
Enseignement de P-O Kyosei Reynaud pendant la méditation assise.
S’établir dans la paix
Pendant la méditation restez bien présent, attentif et ouvert.
Évitez de vous laisser reprendre par le mental, par les pensées qui apparaissent. Si c’est le cas revenez à l’ici du corps et au maintenant de la respiration.
Dès que votre attention se stabilise, laissez le corps et l’esprit se déposer. Installez-vous dans la présence à être ce qui est, et ce qui est, c’est totalement et entièrement soi-même. C’est exactement ce qui se vit à chaque instant, ne vous en écartez pas. C’est ainsi que l’on est un avec ce qui est, car ce qui est, est ce que nous sommes.
Abandonner toute séparation
Tant qu’il n’y a pas de saisie sur ce qui apparaît, à chaque instant notre présence, notre attention, notre ouverture se renouvelle d’elle-même. Sans saisie, nous restons dans l’ouverture à ce que nous sommes véritablement. Cet insaisissable de l’instant présent.
Ouverture et lâcher-prise
Pour être dans l’ouverture, dans l’accueil à ce qui est, rien n’est recherché et rien n’est refusé. Il n’y a aucun jugement sur ce qui se vit ou sur ce qui apparaît, sur ce dont on prend conscience.
S’il y a un son, il y a juste du son. S’il y a une sensation, il y a juste une sensation. Il en est de même pour les perceptions, pour les pensées, pour les émotions, pour tout ce qui apparaît. Quoi que ce soit qui apparaisse, il y a juste apparition. Ainsi le corps et l’esprit s’harmonisent et se libèrent de toutes ces tensions accumulées liées au désir à l’attente, au vouloir ou à la peur, aux préoccupations, aux inquiétudes, etc. C’est très facile et habituel pour l’être humain d’être encombré de lui-même.
Se libérer de soi-même
Parmi ses enseignements, Maître Kodo Sawaki a dit : « Pratiquer zazen, c’est pratiquer la perte ». A chaque instant nous avons le choix de nous abandonner à ce que nous sommes véritablement et à vivre à partir de cette réalisation.
La perte dont il est question est celle d’abandonner nos attachements, nos constructions et particulièrement cette identification qui nous fait vivre dans cette illusion d’une existence individuelle autonome et séparée.
Cette Voie que nous pratiquons, c’est la Voie du désencombrement, de l’allègement, du lâcher-prise.
C’est une voie où il ne s’agit pas d’obtenir des choses qui nous manqueraient, mais plutôt de se libérer de ce qui est en trop. Ce qui est en trop ce n’est pas ce qui nous arrive, mais cela dépend de la manière dont on vit ce qui nous arrive.
Réaliser l’ouverture
Une fois que l’on est libre de soi-même, on réalise une dimension de l’existence qui était déjà là, mais qui était inconnue, c’est comme si elle était recouverte ou cachée par l’énergie de notre attachement. Cette libération d’avec soi-même nous permet de réaliser cette dimension dans toute sa manifestation. C’est la dimension de l’inter-existence. C’est la réalisation intime et directe que tout ce qui nous constitue n’est que le fruit de l’interaction de causes et de conditions qui s’enchaînent et que notre existence s’inscrit dans le cours de ces interactions. Autrement dit, que rien n’a d’existence propre, en dehors de ce flux d’inter-existence.
Réaliser ce que nous sommes
En rentrant en intimité profonde avec ce corps, avec cette respiration, avec ces pensées, ces sensations, ces perceptions, on rentre en contact avec l’impermanence et l’inter-existence. C’est ce que nous sommes, ce qui se renouvelle à chaque instant.
Ce qui se renouvelle à chaque instant, c’est le don. Le don de cet infini enchaînement de causes et de conditions dans laquelle on est inscrit à chaque instant, qui se renouvelle de lui-même à chaque instant.
C’est cette vérité à laquelle le Bouddha s’est éveillé et qu’il a transmit le reste de sa vie, que ses successeurs ont réalisé à leur tour et transmis à leur tour.
Cet enseignement et cette pratique, ainsi que toutes choses, sont le fruit de cet enchaînement sans commencement ni fin. Réaliser cela est éveil et libération.
On le réalise à chaque fois que l’on rentre en soi-même et qu’on effectue ce demi-tour. C’est simple, doux et délicat, au-delà de tout effort de notre volonté personnelle.
C’est l’univers qui se déploie en tant qu’expression du vivant. Pratiquer la Voie signifie que chacune de nos cellules dit oui, que les cinq agrégats qui nous constituent sont la manifestation de ce oui.
Avancer sur la Voie, se rencontrer soi- même, c’est s’abandonner à ce oui et le rencontrer à chaque instant avec toutes les existences.
P-O Kyosei Reynaud
Narbonne, le 23 octobre 2024