Les Trois Trésors
Par P-O Kyosei Reynaud
Prise de refuge dans les Trois Trésors, signification
La plus ancienne manière d’exprimer sa confiance dans la Voie bouddhiste et dans son désir de la pratiquer est de faire ce qu’on appelle la prise de refuge dans les Trois Trésors, qui est aussi connue sous le nom de Triple Gemme ou des Trois Joyaux. Il s’agit du Trésor du Bouddha, du Trésor du Dharma et du Trésor de la Sangha.
Ils sont le fondement de la philosophie et de la pratique bouddhiste. Dans le Bouddhisme Zen, la prise de refuge se réalise lors des cérémonies d’ordinations et se déroule au commencement de la réception des seize préceptes dont ils sont les trois premiers.
Sankie Mon – Le verset des Trois Refuges
Namu kie butsu
namu kie ho
namu kie so
Nous nous inclinons devant Bouddha et cherchons refuge auprès de lui
Nous nous inclinons devant le Dharma et cherchons refuge auprès de lui
Nous nous inclinons devant la Sangha et cherchons refuge auprès d’elle
Kie butsu mujō son
kie ho rijin son
kie so wagō son
Nous prenons refuge auprès du Bouddha qui est parfait et qui n’a rien de supérieur
Nous prenons refuge auprès du Dharma qui est tout à fait pur et excellent
Nous prenons refuge auprès de la Sangha qui est complète et excellente
Kie buk-kyo
kie ho kyo
kie so kyo
Nous achevons de prendre refuge auprès du Bouddha
Nous achevons de prendre refuge auprès du Dharma
Nous achevons de prendre refuge auprès de la Sangha
Prendre refuge dans les Trois Trésors est une des étapes pour se déclarer bouddhiste, cette cérémonie continue par celle de la réception des trois préceptes purs, suivit des dix préceptes. Ces seize préceptes constituent les lignes directrices pour mener une vie consciente, éthique et harmonieuse.
Signification de la prise de refuge dans les Trois Trésors
Prendre refuge dans les Trois Trésors exprime sa sincérité et sa foi à s’engager sur la Voie Bouddhiste et à se consacrer à la développer et la protéger activement dans sa vie.
Se réfugier ne signifie pas se retirer de la vie. Au contraire, cela nous permet d’accueillir le monde dans toute sa complexité et d’envisager chaque aspect de sa vie comme le lieu de notre réalisation.
Le Bouddha
Prendre refuge dans le Bouddha, c’est le considérer comme un enseignant, un guide et un exemple. C’est une personne ordinaire qui s’est éveillée à sa vraie nature et dont le cheminement sert de guide pour mener à notre tour une vie éclairée, faite de vigilance, de persévérance et de confiance. Lorsque nous prenons refuge dans les Trois Joyaux, nous nous ouvrons à notre propre nature de bouddha et à notre propre potentiel de sagesse et de libération.
Le Bouddha n’est pas uniquement le personnage historique Shakyamuni, qui a eu une profonde réalisation sous l’arbre de la bodhi. Mais aussi selon les enseignements, la myriade de Bouddhas qui sont venus avant lui et qui suivront après lui, ainsi que le panthéon des Bouddhas et des Bodhisattvas qui sont considérés comme des enseignants éveillés sur terre et dans des myriades d’autres royaumes. Le Bouddha est l’éveil réalisé.
Le Dharma
Le mot Dharma a plusieurs significations, ici il se réfère aux enseignements du Bouddha historique et, plus largement aux enseignements Bouddhiste. Ce terme de Dharma est à comprendre non pas uniquement en terme d’acquisition de savoirs et de connaissances, mais surtout comme réalisation et manifestation de cette réalisation dans sa vie. Cela signifie réaliser à chaque instant, en toute circonstance, sa véritable nature pour le bien de toutes les existences.
Prendre refuge dans le Dharma, c’est s’ouvrir à l’enseignement Bouddhiste menant à la vérité et à l’ultime réalité. Le Dharma décrit les causes de la souffrance et le chemin qui mène à sa cessation. Il permet, avec la pratique de la méditation la compréhension intime et directe de la réalité qui mène à la sagesse, à la sérénité et au bonheur. Le Dharma est le cœur de la sagesse vivante.
La Sangha
La Sangha est la communauté bouddhiste. Traditionnellement, il se référait à la communauté des moines et des nonnes ordonnés. Aujourd’hui la sangha comprend tous les pratiquants bouddhistes, laïcs et ordonnés. Prendre refuge dans le Sangha signifie rejoindre une communauté vertueuse et généreuse, la communauté des amis de Bien. Cela permet de développer une forte amitié spirituelle avec ses semblables et tous les êtres vivants. La Sangha est le lieu de l’Harmonie.
La Voie est sous tes pieds
Le Bouddha a enseigné que chacun de nous est responsable de son propre cheminement vers l’éveil. « Sois une île pour toi-même », dit-il à son assistant Ananda alors qu’il était en fin de vie.
« Tout à été exposé, rien n’est resté caché. »
« Ne me regardez pas, mais plutôt regardez la Doctrine – le Dharma. Après mon départ, c’est la Doctrine qui sera votre maître. Celui qui regarde la Doctrine me voit. »
Une Voie de réalisation au-delà de toute étiquette
Est Bouddhiste la personne qui chemine sur cette Voie dans sa quête de vérité et de cohérence, dans la tolérance, la patience et la compassion. Cette démarche ne nécessite rien d’autre qu’une sensibilité et une ouverture aux conditions de souffrances des existences débouchant sur une aspiration à aider activement à les résoudre.
Il est possible de voir le Bouddhisme comme une philosophie active du bonheur, une philosophie de vie qui se réalise par tout être humain dans les conditions même de son existence.
Le mot Bouddhisme recouvre une vérité universelle qui est au-delà de tous les « ismes ».
Compréhension et réalisation
Avant de demander l’ordination, de prendre refuge et de recevoir les règles de vie harmonieuses, il est crucial de ressentir la souffrance et l’errance dans laquelle les êtres sont plongés et de formuler le vœux de compassion d’aider à résoudre ces causes de souffrances. C’est ce qu’on appelle Bodaishin dans le Bouddhisme zen Japonais, ou le Bodhicitta en sanscrit, ce qui se traduit généralement par « esprit d’Éveil ». Il s’agit donc de ce mouvement intérieur de l’aspiration à atteindre la Bouddhéité et du vœux de compassion à activement soutenir tous les êtres sensibles à le réaliser également.
Humilité et accompagnement
Pour cheminer sur cette Voie, nous ne sommes pas seuls, encore faut-il avoir l’humilité d’accepter de ne pas savoir et donc d’avoir besoin d’être aidé et guidé. C’est là que le Trésor de la Sangha prend tout son sens. Lorsque l’on commence, on est accueilli par les pratiquants, par le ou les enseignant(e)s qui sont là pour répondre à nos questions et nous éviter toute mauvaise interprétation de l’enseignement ou de la pratique. Ils sont les garants de la transmission juste de personne à personne qui nous relie à la filiation spirituelle depuis Shakyamuni Bouddha.
Une transformation quotidienne
Demander l’ordination, prendre refuge et recevoir les règles de vie harmonieuses n’est pas un événement ponctuel, ni une finalité, mais le commencement de la pratique continue et de la réactualisation de ce vœu dans la totalité de son existence. En se consacrant à la méditation quotidiennement, approfondissant ainsi harmonieusement les enseignements par le corps et par l’esprit. En participant régulièrement aux retraites – sesshin, et à la vie de la communauté – samu, en participant aux cérémonies et notamment celle de la purification Karmique, celle de Ryakufusatsu où se sachant faillible, on se repend des erreurs commises et où on renouvelle son engagement à suivre et protéger les seize préceptes.
Un engagement profond et personnel
Lorsque l’aspiration est là, le chemin se construit un pas après l’autre. Bien évidemment nous ne sommes pas parfait, mais justement, c’est à partir de nos imperfections qu’un chemin est possible.
Chaque pratiquant dans sa spécificité avance à son rythme et chacun est le bienvenue pour apporter son énergie et recevoir le soutien et l’énergie des Trois Trésors qui sont la manifestation vivante de la compassion et de la sagesse du Bouddha.
P-O Kyosei Reynaud
Juillet 2023.
En savoir plus :
>> Le bouddhisme est-il une philosophie, une pratique, une spiritualité ou une religion ?
>> Participer à une retraite zen – Sesshin
Sources iconographiques :
Encre : ©Doris Karner Klett
Bas relief : ©British Museum
